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L’antibiorésistance est l’une des plus grandes menaces pour la santé mondiale. Un changement de paradigme s’impose !

Reda Guiha, président de Pfizer France alerte sur le risque que représente l’antibiorésistance pour la santé publique

Ne plus pouvoir soigner les infections même les plus courantes, c’est la menace que l’antibiorésistance fait peser sur la santé mondiale. Silencieusement, elle met en péril l’efficacité des antibiotiques, pourtant pierre angulaire de notre médecine moderne, et remet en question la capacité de nos systèmes de santé à soigner et guérir.

À l’occasion de la Journée Mondiale de la Santé, c’est en tant qu’acteur fermement engagé dans cette bataille contre l’antibiorésistance, qui nous concerne tous, que j’attire votre attention.

En France, le problème de la résistance aux antibiotiques est déjà grave : environ 12 500 décès chaque année et 150 000 infections sont causées par des bactéries résistantes. Au niveau européen, la prise en charge de ces infections représente un coût de plus d'1 milliard d'euros chaque année. Et à l’avenir, si rien n’est fait, ce fléau pourrait provoquer plus de décès que le cancer, et tuer jusqu’à 10 millions de personnes par an dans le monde d’ici 2050. Le phénomène exige de nous une réaction à la mesure de son urgence.

Faire le choix de la santé publique

Pfizer a contribué à la révolution des antibiotiques et continue la bataille contre les maladies infectieuses et l’antibiorésistance : en maintenant nos antibiotiques essentiels sur le marché, en œuvrant pour leur utilisation raisonnée, en développant des vaccins pour réduire le besoin d'antimicrobiens, et en poursuivant activement la R&D d’anti-infectieux. Cependant, sans un modèle économique viable adapté aux antibiotiques, ces efforts risquent d'être vains.

Un changement de paradigme s’impose…

Oui, un changement de paradigme s'impose dans le modèle économique régissant les antibiotiques. Contrairement à d’autres domaines médicaux, les nouveaux antibiotiques ne sont pas appelés à remplacer les traitements existants mais à cohabiter, afin d’avoir un arsenal thérapeutique le plus large possible pour soigner les patients et faire face à l’évolution des résistances.

Pour ralentir la propagation de l’antibiorésistance, il est indispensable d'adopter une approche collaborative reposant sur l’équilibre entre incitations à la recherche et financement adapté. Développer un modèle économique spécifique permettrait à la fois de financer la recherche et l’innovation et de maintenir sur le marché, dans des conditions économiquement viables, les anciennes molécules qui sont toujours les plus utilisées et sauvent des vies chaque jour. Malheureusement, leur équation économique aujourd’hui ne favorise pas leur maintien sur le marché. Pour y parvenir, nous pourrions expérimenter de nouveaux mécanismes visant à garantir un niveau de rentabilité convenable, comme un revenu fixe mis en place par certains pays européens.

De son côté, le marché des nouveaux antibiotiques est limité en raison des coûts élevés et des longs délais de développement et de fabrication, et du risque important d'échec. Or, il existe une occasion unique de stimuler cette R&D grâce à la révision en cours de la législation pharmaceutique de l’Union européenne.

Nous plaidons notamment pour l'adoption d'initiatives audacieuses à l'échelle européenne : l'introduction d’un mécanisme de « bon de brevet transférable » (TEE – Transferable Exclusivity Extension) pourrait fournir le niveau d'incitation nécessaire aux investisseurs pour accroître l'attractivité du domaine des anti-infectieux. Couplée à des mécanismes d'accès au niveau national, elle permettrait d’offrir davantage d'options thérapeutiques pour les patients. Des exemples internationaux, à l’instar des réformes entreprises en Allemagne, Suède, ou Angleterre, montrent que cette trajectoire est possible.

L’union fait la force

Des réformes politiques et financières pourraient modifier radicalement le paysage de la R&D et refléter pleinement la valeur qu'apportent les anti-infectieux aux patients et à la société. Sans cette réforme, notre capacité à lutter contre l’antibiorésistance dans les années à venir est sévèrement limitée.

Reda Guiha
Country president Pfizer France

Publié le 13 août 2024
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