IA en santé : la participation des patients, un facteur clé de son succès
Alors que la France accueille ce 10 février 2025 le « Sommet pour l’action sur l’intelligence artificielle », les membres du Cercle P* appellent les décideurs et acteurs du secteur de la santé à penser la place des patients dans le développement des intelligences artificielles (IA) en santé
L’intelligence artificielle en santé n’est pas une innovation comme les autres. Son émergence et son développement marquent une transformation profonde de la médecine et du soin qui va au-delà d’un simple progrès technologique. Lorsqu’elle s’appuie sur le recueil de données de santé des patients, elle engendre autant d’espoirs que de fantasmes et mérite que l’on pense les conditions qui lui permettront de répondre pleinement à ses promesses, tout en engageant les acteurs du système de santé (patients, professionnels de santé et établissements de santé) dans son adoption
L’IA en santé est reconnue comme une chance bien qu’elle suscite encore des fantasmes
L’IA constitue une formidable opportunité pour le secteur de la santé. Son potentiel en matière de recherche est considérable : elle permet notamment d’accélérer la découverte de nouveaux traitements, d’améliorer le diagnostic et d’optimiser les parcours de soins. Les établissements hospitaliers peuvent tirer parti de l’IA pour fluidifier l’organisation des services et améliorer la gestion des ressources. En renforçant l’aide à la décision médicale et en facilitant la détection des pathologies à un stade précoce, l’IA laisse entrevoir l’émergence d’une véritable « médecine augmentée ».
Cette nouvelle technologie est très largement plébiscitée, comme l’atteste l’enquête inédite menée par le Cercle P auprès de 35 représentants de patients en novembre 20241 : 83% estiment que l’expérience des patients et les parcours de soins pourraient être améliorés si les professionnels de santé utilisaient des systèmes d’IA.
Les IA qui fonctionnent sur la base de « données patients » soulèvent néanmoins encore certaines craintes. A titre d’exemple, lors d’une enquête qualitative menée en octobre 20242, le Cercle P a relevé que certains redoutent une déshumanisation de la relation soignant-soigné et un glissement vers une prise de décision automatisée, détachée du facteur humain.
Le développement des IA en santé ne pourra se faire sans la participation des patients !
Pour répondre aux inquiétudes, il convient d’associer les patients au développement des outils d’IA qui sont destinés à leurs usages propres. Dans l’enquête conduite par le Cercle P, 77% des représentants de patients interrogés estiment que les patients doivent être systématiquement informés en cas d’utilisation de systèmes d’IA par les professionnels de santé et 80% veulent que les patients soient intégrés dans le développement et le pilotage des IA en santé.
En rendant les patients acteurs de ce développement, le secteur favoriserait leur compréhension, leur confiance et leur adhésion. Cela au service d’une dynamique vertueuse où les outils d’IA deviennent de véritables critères dans le choix des parcours de soins, engageant l’ensemble du secteur à s’équiper, dans l’intérêt des patients. Cette approche est aussi un gage d’éthique et de transparence : en intégrant la voix des patients dès la conception des outils, on s’assure que ces technologies répondent réellement à leurs besoins, tout en respectant des principes fondamentaux de protection des données et de démocratie en santé. L’IA en santé ne peut être une réussite que si elle est construite avec et pour les patients, afin d’en faire un levier d’innovation au service d’une médecine personnalisée, efficace et humaine.
Selon cette logique, un travail doit être mené pour faciliter le partage et la collecte des données de santé dans un cadre sécurisé, tout en favorisant le recueil des avis et des expériences patients quant à l’usage des outils d’IA en développement. Des patients volontaires pourraient agir comme Bêta-testeurs des solutions d’IA pour en favoriser l’émergence et l’amélioration continue.
S’appuyer sur le triptyque « Confiance, Participation, Engagement » pour associer les patients
Pour faire du développement de l’IA en matière de santé un succès profitable au plus grand nombre, il convient premièrement de bâtir la confiance des utilisateurs dans ces nouvelles technologies. D’abord celle des professionnels de santé, qui précède celle des patients. Bien que le Baromètre PulseLife3 souligne que 88% des professionnels de santé utilisent des outils numériques dans leur pratique et que 93% d’entre eux estiment que ces outils ont un impact positif sur la qualité des soins, il faut accompagner ce personnel dans l’intégration des systèmes d’IA. Cela peut notamment passer par la mobilisation des sociétés savantes dans la valorisation des usages éprouvés des IA.
A l’échelle des patients, il est essentiel de mener un travail de pédagogie sur la valeur ajoutée du recours aux IA, en démontrant concrètement en quoi elles permettent d’accéder à une meilleure précision des diagnostics, à une personnalisation des traitements ou encore à une optimisation des parcours de soins. Il convient ainsi d’impliquer les professionnels de santé dans la transmission de l’information pour les positionner au cœur du dispositif d’information et d’engager les représentants des patients dans des actions de pédagogie à destination des usagers.
Le Cercle P vous donne rendez-vous cet été pour la publication de l’intégralité de ses travaux afin d’y découvrir les mesures proposées pour accompagner le développement d’IA en santé impliquant les patients.
*A propos du Cercle P
Le Cercle P, groupe de réflexion fondé par Pfizer France en 2016, a vocation à encourager une discussion prospective sur la place du patient dans le système de santé et la médecine de demain. Cette année, ses travaux portent sur un domaine clé pour l’avenir : l’IA en santé.
Le Cercle P est composé d’Axelle Ayad, patiente et fondatrice de la plateforme « MaPatho » dans la gestion des maladies chroniques, de Lydia Morlet-Haidara, directrice de l’Institut Droit et Santé, Université Paris Cité, d’Anca Petre, PhD, fondatrice de Medshake Studio et du podcast healthtech Into the Metahealth, du Dr Grégoire Pigne, médecin oncologue et radiothérapeute, fondateur de PulseLife et de Jean-François Pomerol, CEO de Tribun Health.
Sources